Muse d’aujourd’hui : Veruschka

Ce mannequin d’un mètre quatre-vingt-dix né en Prusse-Orientale, dont la beauté transcendante sied bien au caractère exotique de son nom, incarne la nouvelle femme affranchie des années 60. En 1967, le magazine Life la surnommera « la fille sur qui tous les regards se portent », mais si sa beauté fascinait – et fascine toujours – c’est bien son caractère sauvage et fier qui en fait aujourd’hui encore une égérie ultime.

Veruschka participe à créer les images les plus iconiques de l’histoire de la mode en travaillant avec bon nombre de ses plus grands photographes, notamment Irving Penn, Steven Meisel et Richard Avedon (ce dernier l’aurait même désignée la « plus belle fille au monde »). En se maquillant elle-même et en utilisant son corps athlétique comme une toile, elle s’approprie non seulement son image, mais elle impose en prime son regard d’artiste transformatrice. En 1975, elle arrête le mannequinat pour se consacrer entièrement à son art sous une version abrégée de son nom de naissance, Vera Lehndorff. À travers sa collaboration avec le célèbre peintre-sculpteur Holger Trülzsch, elle crée une série avant-gardiste de portraits nus.

La saison dernière, Acne Studios a réussi l’impensable en persuadant la légende, âgée de 78 ans, de faire son grand retour devant l’objectif à l’occasion de sa campagne Croisière 2018. La planète mode s’en est trouvée toute inspirée. Ce printemps-été 2018, l’abandon de soi et le glamour propres à Veruschka transparaissent dans l’abondance des silhouettes fluides et longilignes, mues par une énergie électrisante. L’icône a un jour déclaré : « Dans les années 60, la mode était une question d’émancipation. Son but était de libérer les femmes. » Le timing ne pourrait être plus idéal pour reprendre possession de cet esprit.