Nuits de rêves : Café Royal, Londres

J’ai un penchant pour les hôtels de grand standing (les portiers qui me saluent en s’adressant à moi par mon nom et s’empressent de me héler un taxi, les bars à cocktails qui se prêtent aux missions secrètes et les concierges de la vieille école qui peuvent vous trouver une table au Wolseley alors qu’il affiche complet depuis des mois). Les établissements les plus emblématiques de Londres : à savoir le Savoy, Claridge’s mais aussi bien sûr le Ritz, ont servi de toile de fond aux moments les plus importants de ma vie : baptêmes, fiançailles, ruptures et réconciliations, mais aussi mariages – cela va sans dire.

L'hôtel Café Royal appartient lui aussi à ces monuments du Londres éternel, rénové mais reconnaissable entre mille, lové dans la courbe sud de Regent Street. Il fait partie du tissu social londonien depuis plus de 150 ans. Ici, des réputations se sont cristallisées, des scandales ont éclaté et on a écrit l’histoire sociale et politique du pays et de sa région. Winston Churchill y était un habitué, c’est d’ailleurs là qu’il a attendu le dénouement de son destin politique. Oscar Wilde y a, quant à lui, tenu son propre conseil de guerre aux côtés d’un autre écrivain, George Bernard Shaw, et y pris la décision de poursuivre le marquis de Queensberry en justice (qui a écrit les règles de la boxe à l’hôtel) pour diffamation, lorsque ce dernier l’accusa d’entretenir une relation homosexuelle avec son fils Bosie. Une attaque qui finit par valoir un séjour en prison à Wilde. Les bars Oscar Wilde et Green Bar rendent hommage à l’auteur et à son cocktail favori à l’absinthe, mais on peut également y siroter un Ziggy Martini, d’après Ziggy Stardust, l’alter ego de David Bowie qui tua son personnage à cette adresse lors d’un dernier repas en 1973.

Les grands esprits continuent à faire irruption au Club du Café Royal, bien que ses membres montrent plus de retenue de nos jours. On ne peut en dire autant du décor de l’hôtel depuis sa réouverture en 2012. Le cabinet d’architectes David Chipperfield a en effet passé trois ans à adapter la grandeur légendaire de l’établissement au siècle présent vous y trouverez désormais des installations technologiques pointues (voire même déconcertantes) pour contrôler la température, l’ambiance de l’éclairage et les rideaux de votre chambre, ainsi qu’un spa souterrain holistique intégrant une piscine de 18 mètres de long.

Les six suites historiques font partie des meilleures suites de toute la capitale, en particulier la Dome Penthouse avec sa rotonde cuivrée, ses trois chambres insonorisées et sa somptueuse terrasse avec jardin qui domine les plus beaux monuments de Londres.