Le règne de Jean
Avec
Jean Campbell

Le mannequin britannique JEAN CAMPBELL ouvre les portes de son monde. Elle confie à GILLIAN BRETT qu’au moment de sa toute première campagne pour Burberry elle marchait à l’aide de béquilles, et évoque son défilé (royal) favori.
Jean Campbell est Gémeaux. Bien qu’elle n’attache pas d’importance particulière aux signes du zodiaque, il faut se rendre à l’évidence : les ressemblances entre les caractéristiques de ce signe et les traits de personnalité de la jeune femme de 22 ans sont frappantes. Ce mannequin britannique possède une beauté rare et intemporelle, à la fois surnaturelle et tout à fait contemporaine. Et malgré le succès de cette étoile montante, elle est restée humble et timide. D’ailleurs, lorsqu’elle était encore scolarisée, c’est dans le plus grand secret qu’elle travaillait sur ses campagnes de mode pour Burberry et Louis Vuitton. Elle ne voulait pas que sa carrière naissante soit découverte par ses camarades de classe. « Je crois que je gardais ça secret car je suis une personne réservée », explique-t-elle entre deux gorgées de cappuccino dans un café londonien. « Je prétextais un rendez-vous chez le dentiste, ou j’inventais une autre excuse. L’ennui, c’est que si vous apparaissez dans une campagne Burberry, c’est plutôt difficile à cacher. »
À 16 ans, elle a participé à son tout premier projet, la campagne printemps-été 2014 de Burberry, maison pour laquelle elle a ensuite travaillé exclusivement six mois durant. Huit mois après son opération de restructuration du bassin, Christopher Bailey, le directeur artistique de Burberry, a manifesté son intérêt pour elle pour la campagne « Roses Anglaises » aux côtés des mannequins Malaika Firth, Matilda Lowther et Neelam Gill. Malgré sa guérison en cours, elle a saisi l’opportunité. « Je marchais à l’aide de béquilles, et je craignais qu’ils me pensent incapable de faire ce travail. Mais je leur ai dit “Non, non, non ! Je vais le faire !” Ils ont été vraiment géniaux avec moi et ont veillé à ce que je sois assise ou allongée sur chaque photo. »
« J’ai défilé sur le podium et ma boucle d’oreille est TOMBÉE. C’est à ce moment-là que j’ai aperçu la REINE, et je n’ai plus pensé à ma boucle d’oreille. Je n’OUBLIERAI JAMAIS ce moment »
Sa détermination sans faille à participer à ce projet illustre son éthique professionnelle. Pendant sa scolarité elle a mis un point d’honneur à obtenir de bonnes notes, et a attendu de terminer ses études secondaires avant d’accepter une proposition en or du styliste légendaire Joe McKenna. « Je prenais mon travail scolaire très au sérieux », explique-t-elle. Joe McKenna, un ami de sa mère, a exprimé son souhait de travailler avec elle quand il a repéré sa photographie aimantée sur le réfrigérateur familial. Après ses examens, Jean Campbell a posé pour le Vogue britannique dans une série intitulée « Meet me in Montauk » et imaginée par Joe McKenna. « Ce fut une expérience vraiment surréaliste. Je ne réalisais pas combien j’étais chanceuse. Naturellement je savais que j’avais de la chance et j’étais surexcitée par ce projet, mais je ne me rendais pas compte de son ampleur : au final la série a comporté 20 pages. C’était formidable. »
Peu de temps après, Jean Campbell a été recrutée par l’agence Viva London et a signé un contrat de deux ans avec Louis Vuitton sous la direction artistique de Nicolas Ghesquière. Ses shows favoris ? Le défilé printemps-été 2015, où elle évoluait parmi des avatars digitaux et des lasers, ainsi que celui de l’automne-hiver 2018 créé par l’anglais Richard Quinn, qui a fait des émules notamment grâce à la présence de la reine Élisabeth II. « Une rumeur circulait [dans les coulisses] selon laquelle un membre de la famille royale serait présent, et qu’il s’agissait peut-être de la reine », se souvient-elle. « J’ai défilé sur le podium et ma boucle d’oreille est immédiatement tombée. C’est à ce moment-là que j’ai aperçu la reine, et je n’ai plus pensé à ma boucle d’oreille. Je n’oublierai jamais ce moment, et je suis très heureuse d’avoir été là. »
« Il faut PROFITER de la vie et faire en sorte que CHAQUE JOUR compte »
Aujourd’hui elle porte une veste en jean foncé tomboy par-dessus un caraco en soie noire, et une superposition de colliers dorés de longueurs différentes. Sa chevelure (naturellement) blonde et raide tombe sur ses épaules et encadre son minois délicat. C’est en Écosse qu’elle a passé son enfance, jusqu’à leur déménagement à Londres quand elle avait huit ans. Elle est l’aînée d’une fratrie de quatre enfants, et décrit son enfance comme étant « très saine » : « Nous vivions dans une zone complètement isolée. Il n’y avait pas de couverture téléphonique, ni de Wifi. Pas de voisins non plus, et l’environnement était sauvage, brut, magnifique. Nos activités étaient toujours en plein air. On jouait dehors en permanence. »
Après ses études, Jean Campbell s’est totalement consacrée au mannequinat, et avec sa beauté éthérée et son côté « anglaise cool », elle a pénétré un monde privilégié, figurant dans des magazines indépendants tels Dazed & Confused et i-D, tout en défilant pour des maisons prestigieuses comme Valentino. À 19 ans elle s’est envolée seule pour New York. « Je vivais dans le quartier de Nolita dans un petit studio très mignon », se remémore-t-elle avec émotion. « À Manhattan on vit à 120 % en permanence. C’est ce qui est si fantastique à New York : cette énergie contagieuse. » Galvanisée et réclamée de toutes parts, elle est apparue dans des campagnes Ralph Lauren et Carolina Herrera, est devenue le visage du parfum Her de Narciso Rodriguez, et a cumulé les défilés pour des marques de renom comme Fendi, Alexander McQueen, Miu Miu ou encore Isabel Marant.
Les moments qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire ? Un voyage à Jaipur avec la journaliste mode Sara Moonves et le photographe Ryan McGinley. « Un lieu splendide. Nous avons visité tous les temples et ce fut un véritable spectacle pour les yeux. Je n’y aurais pas eu accès en des circonstances différentes. » Récemment elle est allée dans l’État du Montana pour la campagne automne-hiver 2019 de Miu Miu, avec le photographe Eddie Wrey et la directrice artistique Katie Grand. « Les productions de Katie Grand sont toujours prometteuses, mais celle-ci a battu des records car nous avons séjourné dans un ranch où nous dormions dans des petites cabanes en bois. Je partageais la mienne avec Adut [Akech, mannequin également]. C’était vraiment amusant. De passer la journée à “travailler” puis de pouvoir prendre nos pauses au bord de la rivière à profiter du soleil. Sans parler du fait d’être entourée d’une multitude de personnes intéressantes, créatives, talentueuses et inspirantes. »
« Si les gens prennent CONSCIENCE que le changement climatique est réellement PRÉOCCUPANT, alors le GOUVERNEMENT et les médias n’auront pas d’autre choix que de relayer l’information et de s’atteler aux CHANGEMENTS »
Après deux ans dans la Grosse Pomme elle est rentrée à Londres où elle s’est acheté son propre appartement et s’est octroyé du temps pour réfléchir à la prochaine étape de sa vie. « L’une des choses qui m’a frappée quand j’étais à New York a été de décider comment je voulais occuper mon temps, plutôt que de le perdre. Quand on est très occupé ou qu’on voyage beaucoup, les moments off sont ceux “de repos”, et il vous faut profiter et faire en sorte que chaque jour compte », dit-elle. Elle prévoit d’étudier le commerce par correspondance afin de continuer le mannequinat. « Stimuler son cerveau est primordial. J’ai conclu un pacte avec moi-même : de débuter une chose nouvelle le jour où je deviendrai propriétaire d’un logement », dit-elle.
Dès que possible, Jean Campbell passe du temps dans son pays favori. « C’est en Écosse que je me sens le plus sereine car sur ce territoire tout est naturel et sauvage. On est vraiment au calme. » Ayant grandi avec un chien au cœur de la faune et de la flore, le sujet du bien-être animal lui tient particulièrement à cœur. Elle ne consomme plus de viande depuis ses 11 ans, et se sert de sa page Instagram pour alerter le public sur le braconnage des éléphants et la sauvegarde de la planète. « J’ai toujours aimé les animaux, et donc refusé de les manger. Mais même si ça n’avait pas été le cas, aujourd’hui j’aurais cessé d’en consommer pour des raisons environnementales », explique-t-elle. « Il est important de parler des problèmes qui nous tiennent à cœur à notre entourage, de quelque façon que ce soit, car le changement climatique est réellement préoccupant. Si les gens prennent conscience de la gravité de ce problème, alors le gouvernement et les médias n’auront pas d’autre choix que de relayer l’information et de s’atteler aux changements. Aucune situation ne s’améliorera tant que les changements ne commencent pas tout en haut, donc il faut à tout prix alerter l’opinion. »
Les personnes mentionnées dans cet article ne sont pas associées à NET-A-PORTER et n’en assurent pas la promotion, ni celle des produits présentés.